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Les enjeux culturels des moteurs de recherche

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Dès à présent, et probablement de plus en plus dans l’avenir, des pans entiers de culture passent par Google. Quels sont les enjeux de cette médiation ?

Sommaire :

  • Les enjeux
  • L’algorithme de Google vs le travail du blibliothécaire
  • "Le monde selon Google"
  • Google print : quand Google défie l’Europe
  • Des articles pour comprendre les craintes légitimes engendrées par l’hégémonie grimpante de Google, le moteur de recherche représentant à lui seul 80% des recherches sur le web.

    Les enjeux

    "Ce processus change-t-il quelque chose à notre rapport à l’information et au savoir ? Le débat consacré à ce thème, propose d’éclaircir, plus particulièrement, trois questions :
    - De quelle façon fonctionnent les moteurs de recherche et, spécifiquement, Google ?
    - Quelles sont les dérives et les effets pervers éventuels de ces outils ?
    - Le recours aux moteurs produit-il des usages spécifiques en terme de documentation, d’apprentissage et de recherche ?"

    Espace de débat virtuel de la Bpi (Biblhothèque publique d’information, Centre Pompidou)

    [Un site proposé par Fabien (Lille)]

    "Les risques concernant les données personnelles et les libertés individuelles"

    "Google Watch" : "A look at how Google’s monopoly, algorithms, and privacy policies are undermining the Web. "

    L’algorithme de Google vs le travail du blibliothécaire

    "L’exploitation du système de citations bibliographiques croisées, sur lequel se fonde l’algorithme de Google, n’est pas inconnue du monde de la recherche documentaire classique, mais le moteur en fait un usage qui le distingue radicalement du catalogue de la bibliothèque. Il introduit un nouveau critère de tri, qui est en fait un indice de popularité. C’est, vous diront ses détracteurs, l’irruption de l’audimat dans la recherche documentaire.
    Pas du tout, répond le philosophe Roberto Casati, qui assimile le lien établi par un site A vers un site B à un vote de A en faveur de B : voilà un fonctionnement démocratique, l’évaluation de la qualité des sites confiés à des milliers de petits experts plutôt qu’à quelques rares instances de « filtrage » autorisées, tels que les éditeurs, les revues scientifiques ou les bibliothécaires1.

    Victoire du populisme ou de la démocratie ? Le débat reste ouvert, bien entendu. Mais pour conclure provisoirement sur le thème de l’autonomie de l’usager, je rappellerai simplement que pour être réellement autonome, il faut être en mesure de prendre du recul sur sa propre expérience. Et pour cela, un minimum de compréhension de la manière dont fonctionne l’outil s’impose. De ce point de vue, l’opacité qui entoure le mode de fonctionnement de Google, ainsi que son succès grandissant qui lui donne une position de quasi monopole, ne laissent pas d’être inquiétants. "

    "Google et la bibliothèque : quelle autonomie pour l’usager ?", par Françoise Gaudet

    "Le monde selon Google"

    "C’est cette capacité, l’« intelligence » du moteur de recherche, qui en fera ou non le succès. Google l’a prouvé, en devenant en moins de trois ans le moteur de recherche le plus employé au monde : son approche novatrice lui permettait en général de proposer, dès la première page de résultats, l’information recherchée.

    Le bouche-à-oreille fut immédiat : les initiés encourageaient leurs amis à utiliser ce moteur « génial », et Google allait passer de 10 000 requêtes par jour, début 1999, à plus de 200 millions au printemps 2003 : 53 % des requêtes mondiales lui sont désormais confiées, au point que nombre de ses 70 millions d’utilisateurs en viennent à assimiler l’Internet tout entier à cet incompa- rable outil.

    [...]

    Pour évaluer la « pertinence » des pages de la Toile, Brin et Page inventent le « PageRank », une échelle de valeurs propre à Google. La valeur d’une page Web y est sans cesse réévaluée en fonction du nombre de citations dont elle fait l’objet. Les sites isolés, destinataires d’aucun lien hypertexte, demeurent ainsi peu visibles, sans « légitimité ». Les sites abondamment cités deviennent en revanche, aux yeux de Google, des sites de référence. Cet algorithme original donne des résultats impressionnants.

    Le système présente pourtant déjà un inconvénient : les sites nouvellement créés sont handicapés et ne deviendront visibles que s’ils parviennent à attirer l’attention de sites déjà bien établis. « PageRank repose sur la nature purement démocratique du Web », affirment les fondateurs de Google, qui doivent néanmoins concéder que « les votes issus de pages elles-mêmes importantes comptent plus et aident à rendre d’autres pages importantes ». Une démocratie étonnante, où les acteurs déjà influents disposent d’un droit de vote beaucoup plus important que les nouveaux entrants.

    [...]

    En réalité, le pouvoir d’influence des différents acteurs dépend surtout de leur degré d’appropriation du réseau : il ne suffit pas de développer un site, il faut également être capable de tisser des liens avec les autres sites et d’obtenir une reconnaissance de « ceux qui comptent » sur le réseau.

    Si beaucoup bénéficient ainsi en toute bonne foi de la reconnaissance de leurs écrits, d’autres savent exploiter savamment les faiblesses de l’outil. Certaines agences se font ainsi une spécialité de réaliser, pour le compte de divers lobbies, des sites d’information dont le contenu pourrait à première vue laisser penser à des dépêches d’agence. Cette objectivité apparente suffit souvent à leurrer l’internaute qui, croyant à une information sérieuse, pourra être tenté de la référencer sur son propre site... et donc de lui accorder un pouvoir symbolique dont elle pourra profiter par la suite. "

    Lire l’article de Pierre Lazuli pour "Le Monde Diplomatique" (octobre 2003)

    Google print : quand Google défie l’Europe

    Google va mettre en ligne 15 millions de livres et magazines appartenant aux fonds de grandes bibliothèques américaines [1].

    Selon Jean-Noël Jeanneney pour Le Monde, "voici que s’affirme le risque d’une domination écrasante de l’Amérique dans la définition de l’idée que les prochaines générations se feront du monde.

    Pour l’instant, la nouvelle n’a guère attiré l’attention que des bibliothécaires et des informaticiens. Et, pourtant, je gage qu’on ne va pas tarder à en mesurer la portée culturelle, donc politique : vaste.

    [...] La première réaction, devant cette perspective gigantesque, pourrait être de pure et simple jubilation. Voici que prendrait forme, à court terme, le rêve messianique qui a été défini à la fin du siècle dernier : tous les savoirs du monde accessibles gratuitement sur la planète entière. Il faut pourtant y regarder de plus près.

    [...] La production scientifique anglo-saxonne, déjà dominante dans une quantité de domaines, s’en trouvera forcément survalorisée, avec un avantage écrasant à l’anglais par rapport aux autres langues de culture, notamment européennes."

    Lire l’article de Jean-Noël Jeanneney dans Le Monde, 22/01/2005.

    - Les limites de Google Print.

     

    Publié le 2 avril 2004
    Mis à jour le 26 juin 2007
    Article consulté 804 fois.

     


    Notes :

    [1] la New York Public Library et quatre bibliothèques d’universités, Stanford, l’université du Michigan, Harvard (Etats-Unis) et Oxford (Grande-Bretagne).

     

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