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Le tsunami business


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Des entreprises surfent sur la vague de solidarité internationale qui a suivi le raz-de-marée en Asie du Sud. Ce qu’on ne dit pas, c’est que 2/3 des dons des entreprises sont en fait payés par les contribuables.

Extraits :

" [...] La générosité des entreprises doit être relativisée au vu des avantages fiscaux dont elles bénéficient. Quand François Pinault passe sur TF1 le 31 décembre pour annoncer le versement d’un million d’euros par son groupe Pinault-Printemps-Redoute, on ne signale pas que les deux tiers de cette somme lui seront en réalité remboursés par les contribuables. Comme les particuliers, les entreprises déduisent de l’impôt sur les sociétés, depuis cette année, 66 % des dons engagés, dans la limite de 5 ‰ de leur chiffre d’affaires. La prestation de François Pinault ne lui coûtera donc que 330 000 euros, un montant qui n’est pas démesuré en regard de l’impact médiatique du geste.
Certaines entreprises ont surfé de façon encore plus astucieuse sur la vague, en montant des opérations dites de « produit partage ». Il s’agit pour elles de verser de l’aide en échange de l’achat d’un produit ou d’un service. Ces opérations se sont multipliées (Bistro Romain, Buffalo Grill, La Redoute, E. Leclerc). A chaque fois, le coût réel pour l’entreprise est trois moins important, les deux tiers étant financés par la baisse de l’impôt. [...]

Si l’aide privée a le vent en poupe aujourd’hui, c’est aussi que l’aide publique sert souvent les intérêts stratégiques des Etats donateurs et des élites locales plus que les besoins des populations dans la misère... [...]

Et c’est le haut niveau de la subvention fiscale accordée aux donateurs (ménages et entreprises) qui pose problème. Cette année, les déductions fiscales pour les dons devraient entraîner une moins-value de recettes fiscales de 590 millions d’euros qui devrait être dépensée du fait du tsunami. Un manque à gagner qu’il faut bien financer, soit par d’autres impôts, soit en rognant dans les dépenses publiques (aide au développement, nombre d’enseignants ou de policiers, etc.)
La privatisation de l’aide pose de plus la question de fond du pilotage global. Le risque est grand de hiérarchiser les « causes », en fonction de l’émotion suscitée par telle ou telle catastrophe et du retentissement médiatique dont elle bénéficie. Du téléthon au tsunami, les fonds affluent vers les catastrophes les plus médiatisées, qui ne sont pas nécessairement celles où les besoins sont les plus importants. Ils se concentrent vers une aide d’urgence qui s’arrête quand le robinet des images se tarit, au détriment d’un support de long terme."

Lire l’article intégral de Louis Maurin pour Alternatives Economiques N°233, février 2005.

 

Info en ligne depuis le 24 février 2005
Mise à jour le 24 février 2005
Article consulté 1075 fois.

 

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