La critique de la « malbouffe » relève de la liberté d’expression, et cette liberté fondamentale a été violée par le Royaume-Uni lorsqu’il a lourdement condamné pour diffamation deux militants britanniques qui avaient dénigré par voie de tract le géant du hamburger, McDonald’s, a estimé la Cour européenne des droits de l’homme, mardi 15 février.
Pour avoir diffusé un tract de 6 pages intitulé "Ce qui
ne va pas chez McDonald’s" (il affirmait notamment que la multinationale vend une nourriture dangereuse pour la santé, porte atteinte à l’environnement, impose des conditions de travail très dures à ses salariés), Helen Steel, serveuse de bar à temps partiel et David Morris,
ancien employé des postes au chômage avec un enfant à charge, ont été condamnés à verser plus de 110 000 euros à McDonald’s aux Royaume-Uni pour "diffamation".
Ils ont alors saisi la Cour de Strasbourg, qui estime que la liberté d’expression a
été violée : "Dans une société démocratique, il existe un net intérêt
général à autoriser de tels groupes militants non officiels à contribuer au
débat public par la diffusion d-informations et d’opinions sur des sujets
d’intérêt général comme la santé et l’environnement."
Pour les magistrats, "on doit tolérer un certain degré d’hyperbole et
d’exagération dans un tract militant - et même s’y attendre". Les multinationales ne font-elles pas plus mensonger à longeur de publicité ? Pourquoi ne pourrait-on pas se défendre quand la publicité pour McDonald’s affirme que les repas y sont "équilibrés" ?
Les magistrats jugent
"disproportionné" le montant des dommages imposés aux deux militants, compte
tenu de leurs faibles revenus, et leur octroient 35 000 euros pour dommage
moral et 47 311 euros pour frais et dépens.
Ouf !
Source : Newsletter d’Agir pour l’Environnement, d’après un article de Rafaële Rivais pour Le Monde, le 16 février 05.
Info en ligne depuis le 4 mars 2005
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