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Les femmes interdites de torchons


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La presse exalte la cause des femmes mais déteste leur donner la parole. Sauf quand elles convoitent l’Élysée ou qu’elles repeignent la bonbonnière des enfants.

"Tous les 8 mars, les médias moustachus s’enduisent de crème à épiler : la Journée mondiale de la femme leur impose d’enfiler leur costume de féministes pour s’affliger des discriminations qui frappent le « sexe faible » à Ouagadougou, Kaboul ou Sartrouville. Le lendemain et jusqu’à l’année suivante, la virilité zémmourienne(1) reprend ses droits.

Dans une étude menée pour le compte de l’Association des femmes journalistes (AFJ) (2), Natacha Henry en a analysé l’emprise sur un échantillon de sept quotidiens nationaux et régionaux (Le Figaro, Le Monde, Libération, Le Parisien, L’Humanité, Dernières Nouvelles d’Alsace et Ouest-France) parus un même jour : le 10 mai 2006. Résultat : sur les 826 personnes citées dans les 182 articles de ces journaux, seules 142 (17 %) sont des femmes. Ces dernières se trouvent ainsi moins représentées dans la presse tricolore qu’au Parlement afghan (25 % d’élues).

Comme le note l’auteure, la gaillardise rédactionnelle ne date pas d’hier. En 1996 déjà, une étude similaire concluait au même quota de 17 % dans les journaux. Les radios font encore mieux : selon le comptage exclusif effectué par Le Plan B sur les tranches matinales des quatre grandes stations nationales entre le 4 septembre et le 26 décembre 2006, les femmes ne représentent que 14 % des invités du matin 3.

Quand le PPA leur accorde ses rarissimes faveurs, c’est une fois sur deux parce qu’il n’a pas le choix : 47 % des personnages féminins évoqués dans la presse écrite appartiennent au gratin de la sphère politique (ministres, hauts fonctionnaires, élues, porte-parole...), et l’accès aux micros leur est garanti d’office. La caissière de Monoprix, en revanche, ne stimule pas la glande médiatique : 1,4 % d’ouvrières, 0,7 % de chômeuses, 0 % d’employées de bureau ou de restaurant... Cette ségrégation sociale s’applique également aux hommes. Mais, alors que ces derniers sont presque toujours cités dans la presse « ès qualités », c’est-à-dire avec nom et fonction, les femmes y sont anonymes dans un cas sur six (contre un cas sur trente-trois pour les hommes), dépouillées de leur métier ou de leur fonction une fois sur cinq (une fois sur vingt chez les hommes). Et, naturellement, assignées à la maison trois fois plus souvent que les messieurs : 19 % n’existent dans les journaux qu’à travers leur seule position familiale ou conjugale (contre 7 % des hommes).

Candidate à l’élection présidentielle ou mère de famille aisée sachant rester à sa place, la femme modèle de la presse quotidienne améliore ses chances en adoptant un maquillage avantageux : l’étude de Natacha Henry montre que les femmes font deux fois plus souvent l’objet d’une photo que les hommes. Mauvaises pour l’info, mais bonnes pour la tapisserie. Photo en moins, Le Monde du 8 décembre dernier illustre ces conclusions. Le sous-titre d’un article sur « La saison des travaux manuels » expliquait : « Personnaliser des assiettes ou des boîtes... Surtout au moment des fêtes, les femmes aiment se lancer dans des activités créatives. » Gorgé de testostérone balladurienne, Jean-Marie Colombani venait de lancer un défi à Éric Zemmour."

- Lire l’article intégral sur le site du Plan B

 

Info en ligne depuis le 25 mars 2007
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