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L’électricité et le gaz ne sont pas des marchandises !


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En France, au 1er juillet 2007 tous les particuliers auront « la liberté de choisir leur fournisseur d’électricité et de gaz en faisant jouer la concurrence ». Vive la concurrence, ou la garantie de prix plus élevés pour une énergie de mauvaise qualité.

L’ouverture à la concurrence d’EDF-GDF et la fin annoncée des tarifs régulés dont bénéficient actuellement les particuliers sont l’occasion d’une petite leçon d’économie, contre les mensonges sur les bienfaits de la concurrence et de la dérégulation.

La concurrence ne fait pas baisser les prix…

"La libéralisation du secteur de l’énergie en Europe a été initiée en 1996 par une directive européenne et son niveau d’achèvement varie selon les pays. En France, l’étape du 1er juillet représente la dernière phase de l’ouverture à la concurrence. Après les gros industriels en 2000, puis les PME-PMI en 2004, ce sera au tour des usagers particuliers de « faire jouer le marché pour profiter des prix les plus bas ».

Les industriels et les professionnels ont déjà vécu l’expérience : le prix du kilowattheure s’est envolé sur le marché « libre » tandis que les tarifs régulés d’EDF restaient à peu près stables. La réalité de cette hausse des prix n’est plus contestée par grand monde [...].

Après une courte période où des stratégies de marketing ciblées pour appâter le client peuvent faire baisser le prix du kilowattheure, celui-ci s’envole ensuite, notamment lors du renouvellement du contrat [...].

En cinq ans, de 2001 à 2006, ils ont augmenté de 39 % en Espagne, de 49 % en Allemagne, de 67 % en Finlande, de 77 % en Suède, de 81 % au Royaume-Uni, de 92 % au Danemark ! Et en France ? Pour les entreprises qui ont préféré conserver les tarifs régulés d’EDF, l’augmentation n’a été « que » de 11 % en moyenne. Par contre, celles qui ont choisi le marché dérégulé ont vu leur facture d’électricité croître en moyenne de 76 %. De quoi faire réfléchir les particuliers qui se voient offrir la « liberté » du marché au 1er juillet… [...].

Que le tarif régulé d’EDF soit très largement en dessous des prix dits libres constitue un obstacle de taille au développement du marché : les particuliers ne s’y aventureront pas spontanément, du moins s’ils bénéficient d’une information minimale ! La solution libérale consiste donc à les y pousser en supprimant – doucement mais sûrement – le tarif régulé ! C’est ce à quoi s’active actuellement la Commission de Bruxelles qui, en décembre 2006, l’a décrété incompatible avec la règle de la concurrence. Même position de la part de la Commission de régulation à l’énergie, la CRE. La raison invoquée est que la persistance de tarifs régulés « prive les clients du libre choix du fournisseur ». Ainsi un tarif public moins cher que le prix de marché nuirait à « la concurrence qui est le seul moyen de faire baisser les prix » ! [...].

La direction d’EDF, acquise à la cause de la libéralisation, a elle aussi intérêt à la disparition des tarifs réglementés, puisqu’elle se verrait alors libre de faire grimper les factures et d’augmenter ses bénéfices. Pierre Gadonneix, son président, préconise une « période de transition » durant laquelle la France ferait évoluer progressivement les tarifs réglementés de l’électricité vers les prix du marché ! Les actionnaires d’EDF n’attendent que ça. La contestation des tarifs par Bruxelles alimente leur enthousiasme. Le cours de l’action a gagné plus de 70 % en 2006 ! [...].

Le droit à l’énergie, sa garantie dans le long terme et dans le respect de l’écosystème impliquent des priorités et des critères bien différents de ceux dictés par la logique de profit."

Le marché de l’électricité ne marche pas

La libéralisation du secteur de l’électricité, outre son échec patent à faire baisser les prix, a entraîné de graves dysfonctionnements, de natures diverses : pannes et coupures de courant en Californie, Grande-Bretagne, Italie, Espagne et récemment, en novembre 2006, une coupure qui a touché plus de 10 millions de foyers européens, sous-investissements chroniques dans les moyens de production et le réseau, ou encore volatilité extrême du prix dans les bourses de l’électricité où les électrons se vendent comme n’importe quel titre financier (lors de la canicule de 2003, le prix du kWh a atteint plus de 70 fois son cours moyen). L’électricité a deux caractéristiques bien particulières qui font que le système de marché est fondamentalement inadapté. D’abord, elle se stocke mal, ce qui, conjugué avec le caractère massif et continu du besoin en électricité, produit le risque de rupture d’approvisionnement. Il faut en effet à tout instant maintenir un équilibre entre la production et la consommation. C’était possible avant la libéralisation, car un même acteur (EDF) maîtrisait la chaîne de l’électron depuis sa production jusqu’à sa consommation et avait les moyens et l’information nécessaires pour ajuster cet équilibre à chaque instant. Cela devient beaucoup plus complexe avec la multiplication des acteurs, qui accroît considérablement les risques de rupture d’équilibre [...].

Autre aspect, le marché est inapte à garantir la sécurité d’approvisionnement à long terme : en l’absence de visibilité sur l’évolution des prix et des parts de marché, les producteurs ne sont pas incités à faire les investissements pourtant nécessaires.

Seconde caractéristique, l’électricité se transporte mal à cause de pertes sur le réseau proportionnelles à la distance parcourue. Ce qui signifie un gaspillage d’énergie. Il est aberrant de vouloir un marché européen pour permettre de produire dans un pays ce qui sera consommé dans un autre (par exemple produire à partir du nucléaire en France pour vendre en Roumanie) [...].

Outre son absurdité technique, le renforcement des interconnexions constitue une nuisance environnementale (comme les lignes haute tension traversant les Alpes ou les Pyrénées) [...].

La politique énergétique, compte tenu de ses conséquences en termes environnemental et social, doit appartenir aux citoyens. Leur intervention est le levier indispensable à la démocratisation des services publics. Il y a urgence du point de vue environnemental avec le réchauffement climatique, le risque nucléaire et la raréfaction des ressources énergétiques, du point de vue social avec la menace sur les tarifs, du point de vue technique avec les problèmes liés au marché électrique.

- Tout ceci est très bien expliqué et argumenté dans le 4 pages d’Attac.

- Dans Le monde du 29 juin également : "L’électricité libre jusqu’à l’absurde, par Gerard Aschieri, Bernard Defaix".

Quels sont les les arguments des défenseurs de la libéralisation pour noyer le poisson ?

- la sacro-sainte croyance dans le progrès technologique :

"Les partisans de l’ouverture des marchés estiment que, même si les prix augmentent, les consommateurs ne sont pas condamnés à payer plus. Les innovations technologiques et un meilleur suivi de la consommation permettront, selon eux, de stabiliser la facture. Le marché ne sera vraiment libéralisé qu’avec la suppression des tarifs régulés, préviennent la CRE et la Commission européenne. Si elles parvenaient à leur fin, on en arriverait à cette situation paradoxale de relever les prix pour permettre la concurrence et non d’ouvrir à la concurrence pour faire baisser les prix."

- Source : Lille Plus du 29/06/2007, Jean-Michel Bezat (PDF).

Et on n’en est pas à un paradoxe près :

"Structurellement, l’ouverture ne peut conduire qu’à des concentrations, car le producteur doit avoir le plus grand pouvoir de marché possible pour peser sur les prix", selon Patrick Larradet, administrateur salarié du réseau de transport d’électricité français (RTE).

- Lire l’article de 20 minutes, 29/06/2007.

- l’argument écologique, si si :

Dans le quotidien Métro du 29 juin, Charles Beigbeder explique pourquoi "L’ouverture du marché est une chance formidable" par le fait que... la hausse des prix va obliger à faire des économies d’énergie :

"On sort d’une période d’abondance énergétique et l’on rentre dans une ère où l’énergie va être beaucoup plus rare. Il faut tout faire pour essayer de stimuler les économies d’énergie. L’énergie, ce n’est pas un bien ordinaire. Il faut que le consommateur se désin-toxique de la consommation type années 1970, un peu insouciante. L’ouverture du marché est une chance formidable pour relancer la chasse au gaspillage."

Quel cynisme !

A la question "Sur votre site Internet, vous ne prévenez pas les consommateurs que quitter les tarifs réglementés est irréversible [1]. Comprenez-vous le combat de la FNCCR, pour que les gens puissent y revenir s’ils le souhaitent ?" il se contente de répondre "Oui, effectivement, il serait opportun de le mentionner."
Qu’attend-il ?

- Lire aussi : "Ouverture des marchés de l’électricité et du gaz L’UFC-Que Choisir appelle les consommateurs à conserver leurs contrats actuels".

- Signer la pétition d’Attac "L’électricité et le gaz ne sont pas des marchandises !".

 

Info en ligne depuis le 5 juillet 2007
Mise à jour le 21 février 2008
Article consulté 2185 fois.

 


Notes :

[1] Depuis le début de l’année 2008, tout consommateur particulier qui opte pour une offre de marché pourra à présent revenir aux tarifs réglementés d’EDF au bout d’un délai de six mois.

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